Accélération des désinvestissements sur le marché tunisien du capital-investissement

Selon le rapport de l'ATIC, seuls deux projets ont abouti à une liquidation, pour un coût total de 800 mille dinars.
Published on June 5, 2023, 9 a.m.
Cet article fait partie de la série Données clés du marché du capital-investissement en Tunisie en 2022.
Après trois années de déclin, l'industrie du capital-investissement a opéré un véritable renversement de situation en 2022, enregistrant des investissements records. Dans son rapport annuel, l'Association Tunisienne des Investisseurs en Capital dresse un état des lieux du paysage du capital-investissement en Tunisie pour l'année 2022.

L'intensité des désinvestissements a connu une progression remarquable ces dernières années. Si le nombre d'opérations de sortie a légèrement fléchi en 2022, passant de 179 à 157, leur valeur globale a grimpé de 15%, passant de 194.3 à 222.4 millions de dinars. Pour la première fois, la somme des sorties a franchi le seuil des 200 millions de dinars.

Toutefois, malgré ces avancées, le marché des sorties en Tunisie conserve sa caractéristique majeure : la dominance des sorties internes, opérées au bénéfice du promoteur initial. En 2022, ces opérations, dont le nombre a atteint 123, ont représenté 78% des sorties, restant au-dessus du seuil des 77% durant les trois dernières années, d’après le rapport annuel de l’Association tunisienne des investisseurs en capital.

Ces sorties internes représentent également le segment le plus important en termes de valeur, cumulant 162 millions de dinars sur un total de 222 millions de dinars. En termes de quantité, les cessions au management occupent la deuxième place avec 18 projets, soit 11.5% des transactions. Cependant, ces opérations restent modestes en taille, totalisant seulement 2.9 millions de dinars, soit un maigre 1.3% de la somme globale des sorties.

À l'autre bout du spectre, on trouve les sorties à des institutions financières, au nombre d'une seule en 2022. Néanmoins, cette transaction unique de 34 millions de dinars représente 15% de la valeur totale du marché.

Selon le rapport de l'ATIC, seuls deux projets ont abouti à une liquidation, pour un coût total de 800 mille dinars.

Quant à la Bourse de Tunis, elle peine toujours à se positionner comme une option de sortie viable. Seules deux sorties en introduction en bourse (IPO) ont été réalisées en 2022 : STA en mars et Assurances Maghrebia Vie en décembre.

Importance des exits

L'absence de "sorties", ou de ventes d'investissements, dans le domaine du capital-investissement peut avoir des conséquences significatives sur l'économie globale et sur l'industrie du capital-investissement elle-même.

Des sorties réussies témoignent généralement d'une économie dynamique et en croissance. Elles catalysent l'activité du marché, permettant une circulation efficace des capitaux d'une entreprise à une autre.

Cette circulation active de capitaux stimule l'ensemble de l'activité économique, incite à l'innovation et peut générer de la richesse pour les investisseurs et les entrepreneurs. En outre, une sortie fructueuse peut encourager d'autres entrepreneurs à créer leurs propres entreprises, en leur montrant des opportunités de ventes lucratives dans l'avenir.

Un nombre insuffisant de sorties peut indiquer un ralentissement économique ou un manque de liquidité sur le marché. La liquidité est fondamentale, car elle offre aux investisseurs la possibilité de vendre rapidement leurs actifs sans subir une baisse notable des prix.

En l'absence de liquidité, les investisseurs peuvent être réticents à investir, ce qui peut entraîner une baisse de l'investissement dans l'économie et freiner la croissance économique. Par conséquent, le manque de sorties peut être un indicateur d'alerte pour les décideurs politiques et les régulateurs financiers, les incitant à intervenir pour soutenir le marché.

Dans l'industrie du capital-investissement, les sorties ont une importance capitale. Les fonds de capital-investissement dépendent de ces sorties pour générer des rendements et réaliser un retour sur investissement. Si les sorties sont insuffisantes, cela peut rendre plus ardue la levée de nouveaux capitaux.

Face à un faible nombre de sorties, les investisseurs peuvent être réticents à investir dans un marché où les rendements sont incertains. Un manque de sorties peut également mener à une immobilisation du capital. En conséquence, les fonds disposent de moins de capitaux à réinvestir dans de nouvelles entreprises, limitant leur capacité à soutenir l'innovation et la croissance des entreprises.